Hotsuma-Tsutae Le Livre du Ciel (Chapitre 7) [Sommaire] [Japonais] [Anglais]


Amateru, la caverne et le bannissement de Sosanowo

Après la mort de son grand-père Toyoke, dirigeant du Pays de Sahoko-Chitaru (actuellement la région du San-in), Amateru lui conféra le titre posthume d'Asahikami (Divinité du Soleil Levant). Pour lui, il fit construire un magnifique tombeau et organisa de somptueuses funérailles à sa mémoire. Puis il repartit pour le Palais Yasukuni (actuellement le Sanctuaire Fuji Asama) sur les contreforts du Mont Fuji d’où il prépara le déplacement de sa capitale vers le Palais d'Isawa à Shima (actuellement le Sanctuaire Isomiya à Isobe, Shima-gun, préfecture de Mie).

Afin de stabiliser la région de Sahoko-Chitaru à l'origine de tant et tant de problèmes dans le passé, Amateru nomma Kansahi, un proche de Toyoke, au poste de "masuhito" (gouverneur) et comme adjoint, il désigna le jeune frère de ce dernier, Tsuwamononuchi (actuellement la divinité tutélaire du Sanctuaire Anashi-Nimasu Hyozu à Sakurai, préfecture de Nara). En compagnie de Kokumi, le chef local, ils prirent la succession de Toyoke et administrèrent la province avec tout le soin nécessaire en pensant au bien-être de sa population.

Un jour, les nobles du pays se rassemblèrent à la cour du souverain afin de se concerter sur un nouveau code de lois, destiné à sanctionner les malfaiteurs.

En peu de temps, ils s'entendirent sur la structure fondamentale du système. Appelé "Tohoko-nori" (la Loi de To et Hoko – les Anciennes Écritures et la Lance de l'Autorité), il serait fondé sur les 360 degrés de la rotation des cieux. Ils furent ensuite divisés en quatre quartiers et c'est sur les menus détails que les débats étaient alors en cours.

Un coursier rapide envoyé par Tsuwamononushi à Sahoko arriva alors tout à coup à la cour, porteur d'un message urgent. On y lisait ce qui suit :

"La seconde épouse de Kurakine, ancien gouverneur du Pays de Ne (Hokuriku), est Tamino-Sashimime, une femme d'humble extraction mais d'une exceptionnelle beauté. Leur fille s'appelle Kurako-hime et l'affection portée par Kurakine pour sa femme et sa fille est si grande qu'il a même adopté comme son propre fils Kokumi, le frère aîné de Sashimime qui est pourtant un homme aux ambitions douteuses. Plus tard, Kurakine l'a nommé comme gouverneur de Sahoko-Chitaru, une province qu'il gouverne à présent comme bon lui semble. Sentant sa mort prochaine du fait de son grand âge, Kurakine maria sa fille Kurako à Shirahito, le premier à lui avoir recommandé Sashimime, et il le nomma gouverneur du Pays de Ne. De basse extraction et dépourvu de toute culture et élégance, cet homme ne cesse d'oppresser le peuple de sa province par sa lamentable administration.

"Lorsque Kurakine finit par passer de vie à trépas, Shirahito et Kokumi se montrèrent finalement sous leur vrai jour. Ils ne prirent même pas la peine d'enterrer la dépouille mortelle de l'ancien seigneur. Seule sa fille Kurako qui éprouvait de l'affection pour son père emporta son corps à Tateyama (actuellement dans la préfecture de Toyama) où elle l'enterra en versant des larmes sincères.

Lorsque Kurako revient enfin au domicile conjugal, elle découvrit que, pendant sa brève absence, son mari Shirahito était tombé amoureux de sa mère et qu'il n'éprouvait plus d'intérêt pour son épouse. Craignant que cette affaire ne soit éventée et incapable de s'adapter à la noble extraction de Kurako, Shirahito expulsa brutalement la mère et la fille, les envoyant chez l'ignoble Kokumi au Palais de Miyazu (actuellement le Sanctuaire Kono à Miyazu, préfecture de Kyoto).

Par ses conversations avec Shirahito, Kokumi savait déjà combien il serait difficile de s'occuper de Kurako et de sa mère, toutes deux de noble naissance. Elles le rendirent si furieux qu'il les viola, au vu l'une de l'autre, de manière à les rendre si honteuses qu'elles ne puissent se regarder les yeux dans les yeux. La situation s'était aggravée à un point tel que le gouverneur Kansahi ne pouvait plus y porter remède.
"Dans mon indignation extrême comme Ministre de la Cour, moi, Tsuwamononushi, je vous demande de prononcer votre jugement sur cette affaire."

À peine eut-il pris connaissance de ce rapport odieux qu'Amateru dépêcha des messagers vers les provinces de Sahoko-Chitaru et de Ne, où il réclama la comparution de Kokumi et de Shirahito devant le tribunal.

Comme prévu, ils se présentèrent devant les nobles assemblés. D'abord Kanasaki (Sumiyoshi) fit venir Kokumi et, avec grande dignité, il lui demanda de donner sa version des faits. Il répondit :
"En réalité, Sashimime était auparavant ma femme. La preuve de ce point réside dans le témoignage que Kurakine a laissé avant de mourir. Il y est écrit qu'après sa mort, il briserait ses liens avec son épouse et qu'il ne la rendrait."

Kanasaki s'exprima alors avec grande sévérité.
"Dis-nous d'abord quelle est ta provenance" s'enquit-il.
À ceci, Kokumi répondit d'un air de totale innocence : "Je suis un homme ordinaire du Pays de Ne. Qu'y a-t-il là de répréhensible ?

Kanasaki perdit vite toute patience face à l'attitude insolente de Kokumi et vociféra de rage : "Tu n'es qu'un infâme criminel, comparable à une bête sauvage. As-tu oublié la faveur qui a été faite à toi, un homme de basse extraction, quand on t'a élevé au poste de gouverneur pour avoir offert la belle Sashimime ?
"Tes actions déloyales te vaudront bien entendu la peine suprême. Voici d'ailleurs une liste des chefs d'accusation et des peines qui les accompagnent.

"Un – Oublier les faveurs de son seigneur et négliger ses funérailles. Cent degrés.
"Deux – Trahir l'appui d'une mère. Vingt degrés.
"Trois – Violer une mère. Cent degrés.
"Quatre – Falsifier son témoignage. Cent degrés.
"Cinq – Traiter une fille avec mépris. Cinquante degrés.
"En tout, trois cent soixante-dix degrés. Tu seras maintenant condamné conformément à la Loi de To et Hoko.
"Quatre-vingt-dix degrés exigent que tu quittes la région.
"Cent quatre-vingts degrés exigent ton bannissement.
"Deux cent soixante-dix degrés exigent ton éloignement de tout contact humain.
"Trois cent soixante degrés exigent ta vie.
"Comme tes crimes dépassent ces quatre catégories, tu es condamné à mort par la présente. Emmenez-le dans un cachot !"

Ensuite, ce fut le tour de Shirahito, du Pays de Ne, d'être cité à comparaître devant la cour. Cette fois aussi, ce fut Kanasaki qui se chargea de l'interrogatoire.

"Shirahito, commença-t-il, pourquoi as-tu chassé ton épouse et abandonné sa mère ?"
"Je n'ai chassé personne, répliqua-t-il; c'est la mère de ma femme qui a quitté notre maison, emmenant sa fille avec elle." Kanasaki s'enquit ensuite de la provenance de Shirahito.
"Quels sont tes ancêtres ? demanda-t-il. Parle-nous de ta lignée familiale."

Shirahito répliqua à nouveau : "Au départ, les membres de ma famille étaient Ministres du Pays de Ne (* en réalité, ils n'étaient que des adjoints). Aussi n'était-il que naturel que j'épouse Kurako, la fille de Kurakine, et que j'entre ainsi dans la famille d'un Ministre. Toutefois, sa mère était de basse extraction et est devenue la compagne de Kurakine grâce à mon intercession. Je n'oublierai jamais la grâce et la faveur de mon seigneur !"

Ainsi s'exprima-t-il avec une impudence effrontée. Cependant, Kanmimusubi, assis à côté de Kanasaki, écoutait ces explications avec grande patience. Mais d'un ton solennel, il commença à réprimander Shirahito dans les termes comminatoires.

"As-tu l'intention de tromper la cour par un récit qui ne sied qu'à toi-même ? Je n'ignore rien de tes actions misérables. Tout d'abord, ce n'est que grâce aux efforts de ta mère que tu es parvenu à devancer tes pairs et à progresser dans le monde. Voilà comment tu es entré dans les cercles du gouvernement. Et aurais-tu oublié que tu es devenu gouverneur uniquement par la grâce du seigneur Kurakine qui t'a introduit dans sa famille en te donnant sa fille bien-aimée en mariage ? Quel ingrat déplorable tu es ! Comment as-tu pu si sottement t'enticher de la mère de ta femme et chercher à gagner ses faveurs, oubliant sournoisement Kurako alors qu'elle portait en terre son père bien-aimé ? Et finalement, lorsque tes manigances ont été découvertes et qu'il te fut impossible de les cacher, tu as envoyé ces deux personnes à Miyazu ! Quel sorte d'énergumène es-tu donc ?!"

La fureur s'était déchaînée en Kanmimusubi qui enchaîna pour dévoiler d'autres actions répréhensibles de Shirahito.

"Et ce n'est pas tout, poursuivit-il. Tu as abusé de ta position de confiance pour tromper le peuple, tu as volé ses femmes. Tu as exigé des pots-de-vin. Tu as levé des taxes…"

Kanasaki réalisa alors que Shirahito s'était abaissé aussi loin qu'il pouvait déchoir dans son comportement criminel. Jetant un coup d'œil à Kanmimusubi pour obtenir son accord, il lut finalement le verdict de la cour.

"Un – Oublier les faveurs de ton seigneur et de ta mère. Deux cents degrés.
"Deux – Bannir ta femme. Cent degrés.
"Trois – Commettre des excès à l'égard de ta femme et de ta mère. Cinquante degrés.
"Quatre – Accepter des pots-de-vin. Soixante degrés.
"Au total, quatre cent dix degrés. Essaierais-tu de nier ta culpabilité ?
Shirahito ne put trouver aucune réponse.
"Emmenez-le !", ordonna-t-on.

Ces procès terminés, Amateru tint conseil avec les nobles et il publia le décret suivant :
"Yasokine est nommé Administrateur du Pays de Ne. Cette décision est prise parce que Yasokine est mon oncle du côté de mon père Isanagi et que Shirayama, la sœur de mon père, est ma tante. Par conséquent, leur mariage garantira la stabilité d'un gouvernement qui se poursuit depuis nos ancêtres et, par le fait même, il apportera sécurité et prospérité à notre peuple. Pour marquer ceci, nous conférons à notre oncle Yasokine et à notre tante Shirayama, dirigeants du Pays de Ne, le titre divin de Shirayama-kami (divinités). Et dorénavant, alors que mon père Isanagi sera révéré, son jeune frère Kurakine ne le sera pas, car il a été l'origine de perturbations pour ce pays, du fait de sa mauvaise gestion.
Le verdict d'Amateru était sans la moindre équivoque.

(Remarque)
Une trace de ce décret d'Amateru subsiste encore aujourd'hui, quelque trois mille ans plus tard.
Les divinités tutélaires du Sanctuaire Oyama sur le Mont Tateyama, le pic sacré sur lequel Kurako enterra son père, sont Isanagi et Tajikara. En revanche, tout lien entre Kurakine et la montagne a été éliminé.
Comme on peut s'y attendre, le nom du sanctuaire devrait être "Tateyama" et non "Oyama". Il est clair que le sortilège d'Amateru à l'égard du souvenir de Kurakine est encore trop puissant. Mais peut-être peut-on envisager le jour où Kurakine sera réuni avec Sashimime, sa jolie épouse, et Kurako, sa fille bien-aimée, comme triple divinité vénérée sur le Mont Tateyama.

Le procès de Shirahito et de Kokumi étant achevé, la vie redevint normale dans les Pays de Ne et de Sahoko-Chitaru dont la population put à nouveau vivre dans la paix et la prospérité.

Un jour, l'épouse d'Amateru et Mochiko, la fille de Kurakine (la suke ou la compagne la plus âgée au point Nord) arrangèrent des fiançailles entre Kurako et Ameoshihi, le fils du gouverneur Kansahi. Une fois mariés, Ameoshihi, en qualité de beau-frère de Mochiko, devrait prendre la succession de Kansahi comme gouverneur de Sahoko-Chitaru.

Entre-temps, suite à l'intervention de Mochiko, les sentences prononcées contre Shirahito et Kokumi furent réduites de moitié et ils furent bannis à Hikawa (actuellement dans la préfecture de Shimane). Ils furent même rétablis dans leurs fonctions en tant que serviteurs dans la maison d'Ameoshihi lorsqu'il assuma la charge de gouverneur.

Sosanowo, le frère d'Amateru, se vit confier la tâche d'effectuer les arrangements en vue du mariage de Kurako à Ameoshihi. Lorsque les préparatifs furent terminés, il se rendit à la place du souverain en visite à Manaigahara pour faire un compte-rendu sur ses activités au Sanctuaire Asahi du Seigneur Tokyoke.

Parmi la foule des fidèles rassemblés au sanctuaire, les yeux de Sosanowo tombèrent sur une magnifique jeune fille, venue elle aussi faire ses dévotions avec ferveur. "Qui est-elle ?" s'enquit-il auprès de ses servantes. "C'est la Princesse Hayasuu, la fille du Seigneur Akatsuchi" lui répondit-on. (Hayasuu est actuellement vénérée comme la divinité du Sanctuaire Hayasuuhime à Saganoseki dans la préfecture d'Oïta).

Aussitôt, Sosanowo envoya un messager au Palais d'Akatsuchi à Tsukusumi (ou Tsukushi dans le Kyushu actuel) pour demander la demoiselle en mariage. Akatsuchi accepta volontiers la proposition de Sosanowo et il prépara sa fille au mariage futur. Mais un conseil des nobles décida qu'étant donné le comportement souvent imprévisible de Sosanowo, son statut ne resterait que provisoire sous la surveillance de Hayatamanowo et de Kotosakanowo (les ministres de Kumano). Au terme de délibérations prolongées entre nobles, il fut décidé qu'il ne pouvait donc être autorisé à disposer de son propre palais. Dans cette société aristocratique, il s'agissait là d'une négation très sérieuse de sa personnalité et la proposition de mariage fut par conséquent refusée. Amèrement désappointé et contrarié, Sosanowo commença alors à rechercher la sympathie de Mochiko et de Hayako, les demoiselles du Nord. Bientôt, il fréquenta les quartiers où elles vivaient et l'on se rendit vite compte qu'il entretenait des relations illicites avec les deux.

Intuitivement, Seoritsu, l'épouse du seigneur Amateru, eut connaissance des relations douteuses entre Sosanowo et les deux sœurs. Mais soucieuse de protéger la position et les sentiments de son mari, elle avait gardé ces informations pour elle seule dans son cœur.

Mais un jour, elle convoqua les deux sœurs dans son sanctuaire intérieur (uchimiya) et les releva de leur position au point Nord. Elles se virent accorder une période de rémission pour laisser s'apaiser leurs passions. A leur place, Seoritsu nomma Toyohime, la fille de Munakata, l'oshimo originale du point Ouest.

Mochiko et Hayako pleurèrent et se lamentèrent profondément à leur retour du Sanctuaire Ohuchi. Animé d'indignation et de sympathie pour les deux sœurs évincées, Sosanowo ne put contenir sa colère à l'égard de Seoritsu. Il dégaina son épée et, totalement décontenancé par son emportement, il s'apprêtait à se venger. Mais Hayako parvint à le retenir. Se dressant face au jeune homme au tempérament impétueux en quête de vengeance, elle déclara avec calme mais fermeté : "Si tu veux te monter viril, prends les rênes du pouvoir !"

Ces paroles dépassaient la simple haine envers Seoritsu. Elles étaient les machinations d'une femme possédée par les ogres jumeaux que sont la jalousie et la vengeance, d'un être voulant à tout prix liquider non seulement Seoritsu, mais aussi le souverain Amateru en personne.

A ce moment précis, la princesse Hanako (la sœur cadette de Seoritsu) passa par là par hasard, sans rien savoir de ce qui se tramait. Les trois conspirateurs parvinrent tout à coup à cacher leurs armes, à garder leur sang-froid et à faire comme si tout était normal. Mais à l'instant, Hanako pressentit la tension ambiante et elle comprit que quelque chose n'allait pas.

Hanako, à son tour, fit semblant que tout allait bien et elle poursuivit son chemin. Mais elle savait aussi que la situation était trop grave pour l'ignorer. Bien plus, le temps pressait et, sans plus tarder, elle fit part à sa sœur Seoritsu de sa rencontre fortuite avec les conspirateurs. Sage et bienveillante, Seoritsu réfléchit longuement aux moyens de résoudre au mieux cette situation complexe. Elle décida pourtant de garder secrète cette affaire et d'attendre le moment propice pour intervenir.

Ce moment arriva alors qu'Amateru était parti assister à la cérémonie Takamagahara à Hitakami (près de Tagajo dans la ville actuelle de Sendai). Soeritsu convoqua à nouveau Mochiko et Hayako et elle leur parla avec circonspection.

"Vous devez savoir que votre relation avec le souverain s'est refroidie comme un repas interrompu et que, par conséquent, il ne vous reste aucun endroit où aller. Écoutez-moi bien et laissez-moi faire. Vous devez aller à Usa (le Sanctuaire d'Usa dans la préfecture d'Oïta) où vous attendrez jusqu'à ce que le moment propice soit arrivé. J'ai déjà expliqué la situation au vénérable seigneur Akatsuchi à Tsukushi et il s'occupera de vous. Pendant votre séjour là-bas, réfléchissez sérieusement à votre sort et reconnaissez vos méfaits. Si vous le faites, je ne manquerai pas de vous rétablir dans vos anciennes fonctions. Me ferez-vous la grâce de suivre mes commandements ?"

"En ce qui concerne vos enfants, Tanakine, le fils de Mochiko (nom titulaire Amanohohi, premier Grand Prêtre du Grand Sanctuaire d'Izumo), restera confié à mes soins. Une ancienne coutume veut en effet qu'un garçon reste près de son père. Ne craignez pas car je l'élèverai comme s'il était mon fils. Les trois filles de Hayako, à savoir Takeko, Takiko et Tanako (les princesses Okitsushima, Etsunoshima et Ichikishima, révérées actuellement comme les trois divinités Munakata) resteront auprès de leur mère, comme il est de coutume pour les filles. Maintenant, je vous en prie, partez et attendez que le moment soit venu."

Rétives d'abord aux propositions de Seoritsu, les deux sœurs finirent par admettre leur mauvaise conduite et, à contrecoeur, elles prirent le chemin d'Usa.

Entre-temps à Usa, pour exprimer le changement de leur cœur, Akatsuchi avait reconstruit son palais en préparation de l'arrivée des sœurs et des trois filles. Tous les préparatifs avaient été effectués pour leur assurer un maximum de commodité. Mais en dépit de l'accueil chaleureux qu'il leur réservait, leur nouvelle demeure n'était qu'un pâle reflet de la gloire qu'elles avaient connue à la cour. La solitude paisible et bucolique de Tsukushi ne rappelait en rien le luxe dans lequel elles avaient été dorlotées jusque là. Aussi Mochiko et Hayako abandonnèrent-elles les soins à donner aux trois filles et elles exprimèrent leur mécontentement à quiconque prenait la peine de les écouter. Leur indignation croissante apparut dans leur dépit à l'égard de Seoritsu, l'épouse principale.

"Qu'elle crève !", crachèrent-elles sur un ton venimeux, leur comportement devenant de jour en jour plus virulent.

Akatsuchi se rendit vite compte qu'il ne pouvait rien d'autre pour elles et il envoya un émissaire pour rendre compte de la situation à Seoritsu. Immédiatement, celle-ci dépêcha Toyohime comme gouvernante pour les trois filles et elle destitua pour toujours les deux sœurs. Furieuses, les "Sasurahime" errantes (les Princesses Bannies) s'enfuirent à Hikawa (dans l'actuelle préfecture de Shimane).

"Le jour où nous atteindrons Hikawa à Izumo, nous retrouverons de nombreux partisans puissants, expliqua Mochiko. En particulier, Shirahito et Kokumi nous sont redevables de leur avoir sauvé la vie. Nous nous joindrons à leurs clans et ils nous aideront à nous venger contre Mukatsu Seoritsu. Le loup reconnaît le loup et le voleur un voleur, dit-on à juste titre. Au besoin, les clans nous suivront en enfer. Nous n'avons rien à craindre."

Dissimulés dans les ravins de Hikawa, les "princesses bannies" et leurs partisans devinrent ivres de colère et animés du désir de vengeance. A mesure que leur misérable rancune se répandait dans les vallées, ils se transformèrent en un énorme serpent tortueux. Bientôt, leur foule s'amplifia au point de remplir huit vallées, prenant la forme du redoutable "serpent à huit langues" (yamata no orochi) de la légende.

Entre-temps, Shirahito, Kokumi et les autres avaient rassemblé une multitude impressionnante à Hikawa en attendant l'arrivée des sœurs. En effet, ils reconnaissaient Mochiko et Hayako (les descendants en ligne directe de Kurakine) comme dirigeants légitimes de leur territoire.

Pour bien faire connaître leurs intentions dès le début, Kokumi et consorts enlevèrent toutes les femmes du clan, haïes par Mochiko et Hayako, ils les violèrent et les massacrèrent. La première à subir ce sort misérable fut Hayasuu, la fille d'Akatsuchi. La raison en était que, comme Sosanowo avait courtisé Hayasuu sitôt après l'avoir aperçue, celle-ci ne pouvait être en amour qu'une rivale de Mochiko et Hayako. Les cibles suivantes furent les huit filles d'Ashinatsuchi, un chef de village proche de Sata, le frère cadet d'Akatsuchi (dont la mémoire est perpétuée au Sanctuaire Sata à Yatsuka-gun dans la préfecture de Shimane). Sept des huit filles périrent ainsi d'une misérable façon.

Sosanowo fut en fait le plus perturbé par tous ces événements. A cause de son égoïsme foncier et de son comportement violent, ses chères Mochiko et Hayako, les seules capables de le comprendre, avaient été avilies et il était devenu impossible de les apaiser. Pourtant, les actions violentes de Sosanowo ne firent que s'amplifier. Il détruisit les rizières sacrées préparées pour le Festival des Prémices "Nihiname", le plus important des rituels annuels. Il laissa galoper des chevaux dans les rizières, défonça les bordures des champs et détruisit les récoltes. Il alla même jusqu'à étendre des excréments sur la porte de la salle où l'on tissait les habits rituels que porterait le souverain lors du Festival Nihiname.

Lorsqu'on ferma les portes de la salle pour protéger les tisserandes apeurées, Sosanowo se mit en colère et il s'introduisit par le toit, laissant ensuite pénétrer une jument pie dans la pièce. Le destin a voulu que, sursautant de surprise, la Princesse Hanako, occupée à tisser les vêtements rituels, se blessa mortellement avec la navette du métier à tisser.

"Hanako est morte", gémirent les princesses, accablées d'un grand chagrin. Apprenant la nouvelle, Amateru se hâta sur les lieux. Quand il vit ce qui était arrivé, il éleva la voix pour réprimander son frère.

"Tu n'es qu'un traître dont l'ambition est de prendre le pouvoir. Souviens-toi des paroles de la Voie du Ciel et honte à toi !, s'écria-t-il, furibond. Amateru prononça alors ces paroles.
Ame ga shita yawashite meguru hitsuki koso
harete akaruki tami no tara nari

("Nous sommes les vrais parents du peuple,
brillant clairement comme le soleil et la lune
qui traversent les cieux et dominent le monde d'en bas.")
Mais Sosanowo n'était pas prêt à reconnaître ses méfaits et à assumer la responsabilité du meurtre de Hanako. Au contraire, il n'en devint que plus sauvage, brandissant son épée et brisant des pierres à la ronde. Il s'approcha même d'Amateru : "Ainsi, rugit-il, je ne suis qu'un traître dont l'objectif est de saisir le pouvoir ! Mais dis-moi, sur quels critères te bases-tu pour arriver à cette conclusion ? Parle ! Je n'ai pas le temps d'écouter tes balivernes ! Allons, attaque-moi !.

Amateru fut pris d'effroi devant la folie de son frère et il se cacha dans une caverne dont il obstrua l'entrée au moyen de rochers. Sur quoi tous les alentours furent aussitôt plongés dans l'obscurité au point qu'on ne pouvait plus distinguer entre le jour et la nuit.

Surpris par l'obscurité soudaine, Omohikane (époux de Wakahime, la sœur d'Amateru) se précipita de son foyer à Yasukawa (peut-être le Sanctuaire Mikami près de la rivière Yasu à Moriyama dans la préfecture de Shiga) jusqu'au Palais Isawa en portant une torche enflammée. A Isawa, son fils Tachikarawo l'informa de la suite désastreuse des événements. Sans plus tarder, Omohikane convoqua une réunion d'urgence de tous les nobles afin d'obtenir leurs sages conseils.

Pourtant, ils ne firent que répéter : "Nous devons prier, nous devons prier." Aussi, Tsuwamononushi imagina une forme de prière appropriée et il sollicita l'assentiment des nobles.

"Prenons un arbre masakaki, dit-il, et suspendons des joyaux dans ses branches hautes, un vrai miroir à ses branches du milieu et des morceaux de tissu de chanvre sur ses branches inférieures. Et utilisons-le pour prier."

Tous furent d'accord. Entre-temps, Uzume, une noble dame, et d'autres femmes fabriquèrent des guirlandes de symphorine qu'elles attachèrent de façon séduisante autour de leur corps. Puis, en tenant de lourdes lances ornées de paille (qu'elles appelèrent "chimaki hoko" ou lances recouvertes), elles se mirent à danser de façon provocante. Elles allumèrent des flambeaux faits d'okera, une plante médicinale pluriannuelle, et elles prirent en mains de petits bouquets de feuilles de bambou. Ainsi affublées, elles exécutèrent pour la première fois la danse mystique "kagura", un rituel important qui allait se perpétuer pendant des millénaires.

"Chantez à voix haute, éclairez les signaux, allumez les feux, ajoutez du bois à brûler ! C'est la fête, faisons la fête !"

D’où a surgi cette heureuse agitation qui a ramené dans le cœur des humains une joie si différente de l'obscurité ambiante ? Après de longues délibérations, Omohikane exécuta devant la foule rassemblée la danse de l'éternité "nagasaki" (bonheur prolongé), dont les paroles sont les suivantes :
Kagu no ki karete mo nihofu,
shihorete mo yo ya.
Aga tsuma awa aga tsuma awa ya.
Shihorete mo yo ya aga tsuma awa.

("Même mort, l'oranger garde son parfum.
Même flétri, il conserve sa bonne senteur.
Ma femme est divine, elle reste divine.
Même flétrie, elle est bonne, elle est divine.")
Finalement, la foule rassemblée relâcha de jeunes coqs devant la caverne et les fit rivaliser par leurs cocoricos, tout en battant des mains au rythme de la danse nagasaki. Amateru se demandait d’où provenaient ces rires à l'extérieur alors que tout devait être enveloppé de ténèbres. Il entrouvrit donc légèrement l'entrée de la caverne et jeta un regard à l'extérieur.

Dissimulé dans l'ombre des rochers, Tachikarawo repoussa alors la pierre de l'entrée, saisit la main d'Amateru et le conduisit dehors. Ensuite, Tsuwamononushi accrocha une guirlande de paille en travers de l'entrée de la caverne en disant : "Nous t'en supplions : ne retourne plus à l'intérieur."

Le méfait irrécusable de Sosanowo qui avait causé la mort de Hanako fut la dernière goutte qui fit déborder le vase. Les nobles furent convoqués à la cour afin de statuer sur son sort. Leur verdict fut plus sévère que tout autre rendu précédemment. Normalement, 360 degrés (le passage total des cieux) suffisent pour justifier la peine de mort. Mais le crime de Sosanowo fut jugé l'équivalent de 1 000 degrés, soit près de trois fois la sentence habituelle de mort. Autrement dit, il était condamné à la mort "mikidagare" ou la triple mort, par laquelle la victime serait sujette à des rigueurs suffisantes pour mourir trois fois.

On se prépara donc à l'exécution de la sentence. Tout d'abord, on arracha ses cheveux et l'on commença enlever ses ongles. Mais tout à coup, le messager de Seoritsu arriva, porteur d'un message urgent.

"L'âme de Hanako, disait-il, a été sauvée de l'agonie de la mort grâce aux prières d'Ukemono (la Divinité nourricière) et elle a été envoyée sans encombre au royaume céleste. Sosanowo a déjà souffert 400 degrés pour le meurtre de Hanako. Son caractère violent lui avait été attribué à la naissance. Ne devrions-nous pas maintenant surseoir à l'exécution de la sentence et le relâcher ?"

Quel sentiment empreint de noblesse et d'humanité ! Surmontant son chagrin à la perte de sa sœur brave et loyale, Seoritsu recherchait ardemment la grâce d'un criminel qu'il n'était que trop facile de mépriser. Cette noblesse de caractère était précisément l'essence même du tempérament gracieux de Seoritsu, cette qualité d'âme qui avait amené le jeune Amateru à descendre lui-même les marches de son palais pour la prendre par la main.

Les nobles discutèrent alors de l'appel de Seoritsu à une sentence réduite en raison de circonstances atténuantes. Leur verdict fut finalement le suivant :
"Le crime d'opposition au principe divin est normalement une offense de la plus sévère gravité. Toutefois, suite à l'intercession d'une parente, la sentence sera réduite de moitié et changée en bannissement."

Un chapeau de laîche fut alors posé sur la tête de Sosanowo et un manteau de paille verte autour de son corps. C'est dans cet accoutrement pitoyable qu'il commença à purger sa peine de bannissement comme tout criminel ordinaire.

Mais il n'y avait plus personne vers qui il pouvait se tourner. Chacune de ses journées devint une quête désespérée de nourriture, à peine suffisante pour survivre. Devant lui s'étendaient des montagnes impitoyables, des rivières bloquaient sa route et aucun village n'était prêt à accueillir ce criminel errant. Partout il rencontrait le regard glacé des gens ; personne ne lui adressait la parole ; tous s'éloignaient de lui comme les âmes des défunts, sans proférer le moindre son. La voix sarcastique des enfants filtrait par le misérable toit de paille de la fosse qui lui servait de gîte, tandis que les adultes semblaient transformés en pierre. Peu importe son origine, il aurait accepté des reliefs de la table, n'importe quoi à se mettre sous la dent. Une simple fleur offerte par une jeune fille... Tels étaient les rêves stupides dont se berçait "Sasurawo" (Sosanowo, le Banni) qui s'apitoyait sur son propre sort.

Entre-temps, Amateru avait repris son administration avisée sur le pays après être ressorti de la caverne de pierres. Grâce à son auguste majesté, le soleil se levait à nouveau dans le ciel et, sur la terre, il réchauffait tous les êtres dont le visage avait retrouvé sa joie et débordait de gaieté. Le souverain imagina alors le Chant de la Voie brillante du Ciel, dont voici les paroles :
Aware ana omo shiro ana tanoshi
ana sayake oke sayake oke
aware omo shiro sayake oke ana tanoshi

("Le soleil est brillant, comme notre visage est radieux, comme nous sommes heureux ! Purifiez les impurs ! Le soleil est brillant, comme notre visage est radieux, purifiez les impurs, comme nous sommes heureux !")
"Allons, battons tous des mains. Battons des mains en dansant. Chantons et dansons jusqu'à ce que les vallées tremblent et que gronde la terre. Voilà l'origine véritable du kagura mystique. À partir de ce moment, je me ferai appeler Amaterasu, l'unique grande divinité.

S'il restait au rang de roturier, Sosanowo reçut toutefois d'Amateru l'autorisation de se rendre au Pays de Ne. Avant son départ, il lui fut même permis d'apparaître devant Amateru dans la chambre cérémonielle. À ce moment, Sosanowo se prosterna devant les ministres réunis et il formula une requête :

"Avant de m'en aller en voyage, puis-je être autorisé à rencontrer encore une fois ma sœur Wahahime à Yasukawa ? Je n'ai nullement l'intention de m'attarder et je ne demande que quelques brefs instants. Auriez-vous l'obligeance d'acquiescer à mon souhait ?

Complètement séparé désormais de Mochiko et de Hayako, Sosanowo croyait que la seule personne capable de le comprendre un tant soit peu était Wakahime. Elle lui apparaîtrait dans ses rêves comme une déesse et elle le consolerait au cours de son misérable voyage.

Finalement, le souhait de Sosanowo fut accepté et il se mit en route vers le Palais de Yasukawa. À mesure qu'il approchait, la terre grondait de façon redoutable. Déjà bien avertie du tempérament sauvage et violent de Sosanowo, la sœur effarouchée ne se risqua à lui adresser la parole que par la porte entrebâillée du palais.

"Ta venue ici n'apporte rien de bon. Tu es sûrement apparu ici pour me dépouiller de mes terres. Mais tu ne peux pas me demander de te restituer les Pays de Ne et de Sahoko que nos parents, Isanagi et Isanami, t'avaient confiés mais que tu as négligés depuis toujours. Qu'es-tu donc venu chercher ici ?"

Sosanowo rassembla ses cheveux en chignon, il releva les ourlets de son vêtement en quelque chose de semblable à une culotte. Il se para le corps d'un cordon de cinq cents joyaux, attacha à ses bras des carquois remplis chacun d'un millier et de cinq cents flèches et tira sur la corde de son arc pour la faire vibrer. Tenant dans la main son épée à huit poignées, il s'avança dans la cour où il éparpilla les pierres en les frappant du pied et, d'une voix féroce, il rugit :

"De quoi as-tu peur ? N'est-il pas écrit dans le testament de nos parents que je dois hériter du Pays de Ne ? En chemin vers cette destination, j'ai fait un détour pour avoir un entretien avec ma sœur ! Mets de côté tes suspicions et accepte-moi avec bienveillance !"

Wakahime s'enquit à nouveau : "Quelles sont tes véritables intentions ?" Il répondit : "Je continuerai certainement ma route jusqu'au Pays de Ne où je prendrai femme et aurai des enfants. Si une fille naît d'abord, je reconnaîtrai que mon cœur a été impur. Mais si c'est un garçon, alors je serai victorieux. Je ne suis pas mauvais. Voilà mon serment."

Puis il continua : "Lorsqu'Amateru résidait à Manaigahara, il enleva de sa poitrine le joyau de l'autorité du souverain et il le lava dans l'eau de la source Manai. Puis Mochiko donna le jour à Tanakine. Ensuite, il échangea le breuvage rituel avec Hayako et ils se donnèrent l'un à l'autre. Cette nuit-là, il rêva qu'il brisait son épée à dix poignées en trois parties qui se transformèrent en trois joyaux (ta) quand il les mordit. Après cela, Hayako donna le jour à trois filles dont la première partie du nom était Ta. Si je suis impur et qu'une fille naît, j'accepterai honnêtement ma culpabilité et je vivrai le reste de ma vie dans la honte avec ma fille."
Finalement, ayant prononcé ce serment unilatéral, il partit.

Devenues adultes, les trois filles de Hayako reçurent un nom tutélaire. Takeko devint Okitsushima-hime, Takiko devint Sagamu-Enoshima-hime et Tanako devint Itsukushima-hime.

Isanagi et Isanami avaient mentionné ces choses dans leur testament. "Comme il arrive parfois que les cieux se trompent et font en sorte que le soleil ou la lune disparaissent, ainsi Sosanowo, conçu quand le centre du joyau courbe Yasakani était trouble, est né porteur d'une âme troublée qui le pousse à commettre des actes qui souillent la nation.
"Un homme doit assumer l'esprit du ciel en embrassant la terre (la femme). Une femme doit avoir l'esprit de la terre en supportant le ciel (l'homme). Quoi qu'il arrive, ils doivent nommer un "ukihashi" (un pont flottant ou un intermédiaire) et se marier. Trois jours après ses menstrues, la femme se purifiera d'abord, puis elle vénérera le soleil levant. Si elle reçoit l'esprit du soleil, il s'en suivra un bel enfant. Mais un enfant conçu par erreur au cours d'une période d'impureté aura certainement un caractère sauvage et indiscipliné.
"Notre erreur a conduit à la naissance inopportune de notre premier enfant, Hiyoruko. Nous nous sommes débarrassés de notre honte en la confiant aux flots de la rivière dans une embarcation de roseaux. Mais une autre erreur a conduit à la nature violemment malveillante de Sosanowo. Servez-vous de ces événements comme leçons pour aider votre divination à l'avenir. "Quoi que vous fassiez, ne l'oubliez jamais."

(Extrait du 7ème aya de Hotsuma-Tsutae. Traduction japonaise contemporaine par Seiji Takabatake)

- FIN -

Sources:
Hotsuma-Tsutae (Archives Nationales, Tokyo) Hotsuma-Tsutae (traduction d'époque par Waniko Yasutoshi, env. 1779)


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